Victoria González De Buitrago est pharmacienne communautaire et membre de l’Ordre des Pharmaciens de Valence (MICOF). Cette ancienne élève en Pharmacie de l’Université CEU Cardenal Herrera partage avec nous son expérience, lors d’une période qui a mis les professionnels à l’épreuve et ouvre une nouvelle voie de responsabilités et d’opportunités.

Son conseil pour les nouvelles générations de pharmaciens est le suivant :

« Les qualités humaines (empathie, écoute etc.) sont essentielles pour que cela fonctionne »

  • Cela fait déjà deux ans que la pandémie de Covid 19 a commencé, comment l’avez-vous vécue à la Pharmacie ?

En un mot : épuisement. Cette situation a été très stressante et les pharmaciens ont dû se plier en quatre. Et ce parfois accompagné d’une frustration, car l’Administration a adopté des mesures qui n’avaient pas été convenues au préalable. Cela n’a fait qu’augmenter le travail, car nous étions également un canal de communication avec les patients, sur des sujets que l’on expliquait peu, sans pouvoir fixer de délais… Par exemple, lorsque l’arrivée de masques a été annoncée, aucun délai n’a été donné, et tout le monde a commencé à appeler alors que les masques manquaient encore.

« Cette période a mis à l’épreuve notre capacité de résistance face à l’adversité »

  • Le rôle du pharmacien a-t-il changé pendant cette période ?
  • Le côté sanitaire s’est accentué. Tout ce que nous savons et pouvons faire a été mis en lumière, et la possibilité de nouvelles tâches s’est ouverte à nous. De plus, la situation atypique de l’Espagne y est apparue au grand jour : dans d’autres pays, le pharmacien peut prendre en charge la vaccination contre la grippe, par exemple, mais pas ici. Nous avons maintenant un accord avec Conselleria (ministère autonomique) pour effectuer le test antigènes, mais nous considérons qu’il reste un long chemin à parcourir pour mettre en valeur tout ce que peut offrir la pharmacie.
  • Ce nouveau rôle et les services de santé à la pharmacie sont-ils partis pour durer ?
  • Tout dépendra de l’Administration. Nous effectuons des tests antigènes, mais pour nous, cela n’est pas viable économiquement. L’Administration paye uniquement lorsque le test est positif, mais combien de tests négatifs sont effectués ? Nous souhaitons poursuivre cette collaboration, mais d’une manière durable.
  • Vous êtes pharmacienne communautaire et membre de l’Ordre des Pharmaciens ; après le processus que vous avez vécu, selon vous, quels défis la Pharmacie doit-elle affronter actuellement ?
  • Au niveau national, les défis consistent à étendre les services et obtenir l’intégration des Premiers Soins. En ces temps de pandémie, la relation patient-pharmacien s’est resserrée. Cette situation nous permet de mieux connaître le patient, sa relation avec le médicament, etc. C’est pourquoi cette collaboration du pharmacien avec l’équipe de soins primaires est essentielle, car elle faciliterait grandement le travail de tous, pour le bien du patient. En général, au niveau scientifique, il est important d’avancer vers un médicament personnalisé et d’affronter, depuis l’Europe, tous les processus de vieillissement et de soins des maladies chroniques.
  • Qu’est-ce qui vous a incitée à faire partie active du MICOF ?
  • La reconnaissance ! J’ai vécu une situation dans laquelle j’ai dû demander de l’aide à l’Ordre, et je me suis sentie soutenue. Dans la vie, il faut toujours donner, et moi j’ai reçu de l’Ordre avant de donner quoi que ce soit. J’ai un engagement moral important. Donc c’est avant tout de la reconnaissance. De plus, cela me permet d’apporter ma pierre à l’édifice.
  • Quel est votre rôle principal à l’Ordre ?
  • En ce moment, des élections ont lieu au MICOF et la structure est en cours de réorganisation. C’est pourquoi ma fonction au cours des quatre dernières années s’est concentrée autour de deux axes : la déontologie professionnelle, consistant à veiller au respect du règlement afin de préserver la bonne image de la profession et d’éviter l’intrusion, ainsi que les relations internationales, visant à nous inclure dans les réseaux européens de connaissance.
  • Comment le MICOF affronte-t-il les années à venir ?
  • L’idée est de continuer à améliorer le dialogue avec l’Administration et d’avoir une présence institutionnelle plus importante. Le travail du MICOF au cours des dernières années a avancé dans cette ligne, mais nous souhaiterions peser plus lourd au niveau international. D’autre part, nous souhaitons rationnaliser la structure afin d’améliorer également les services offerts aux membres. Concernant les patients, un projet du MICOF, nommé Xarxa Pacients, vient d’être lancé. Il s’agit d’une initiative en collaboration avec les associations de malades visant à leur apporter une meilleure qualité de vie, en intégrant le rôle du pharmacien aux différentes maladies auxquelles on peut faire face au cours de sa vie. Un projet pour que le patient connaisse et suive le processus de soins auto-administrés.
  • Victoria, pourquoi avez-vous étudié la pharmacie ?

C’est une vocation tardive. Ma mère était pharmacienne et j’ai compris les avantages de devenir son propre chef. Cela permet d’appliquer divers critères du quotidien en fonction de ses valeurs. Dans une pharmacie, je pouvais être mon propre chef et proposer un service à la société qui me semble essentiel dans toutes les étapes de la vie.

  • Quel souvenir gardez-vous de votre passage à l’Université CEU Cardenal Herrera ?
  • Je passais par un moment compliqué au niveau personnel, mais j’en garde un bon souvenir, car j’avais presque le double de l’âge de mes camarades, et je l’ai vécu comme une véritable cure de Jouvence. Cela m’a aidé à prendre de la perspective, à comprendre comment la façon de créer des relations et d’aborder les choses a changé. J’avais auparavant suivi des études dans deux filières différentes, et j’ai été surprise par l’écart entre les objectifs vitaux de mes camarades, et ceux de mes camarades d’antan. J’ai trouvé ce processus éducatif très soigné.
  • Quelles études aviez-vous suivies auparavant ?
  • Tout d’abord des études en Économie, dans la branche Sciences Économiques, puis en Politique. Avant de me lancer en Pharmacie, je travaillais dans le secteur des relations internationales, j’ai travaillé à la Commission Européenne. Une structure de vie totalement différente…
  • Avez-vous des conseils pour les futurs pharmaciens qui se préparent à se lancer dans cette profession ?

D’être motivés ! Le diplôme est un outil, mais pas une fin. Il faut se tenir à jour et être très humble. Dans cette profession, ils apprendront quelque chose de nouveau tous les jours, ils feront face à un nouveau défi. Il est très important de développer ses capacités personnelles : empathie, écoute, etc.

« C’est une profession de contact avec les gens, les patients, le reste de l’équipe, les fournisseurs, les commerciaux… Les capacités humaines sont essentielles pour que cela fonctionne »

Merci Victoria, et bonne chance !!

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